Le programme de bourses du Fonds international de Visegrád, récemment mis en place aux AHUE, offre aux chercheur.euse.s des pays du Groupe de Visegrád, ainsi que des pays des Balkans occidentaux et du partenariat oriental la possibilité de séjours de recherche concernant l’histoire de l'intégration européenne.
Récemment sélectionnée comme boursière, Nataša Simeunović Bajić, professeure assistante à la faculté de philosophie de l'université de Niš, est arrivée aux AHUE fin août pour mener des recherches dans le cadre de son projet intitulé "An insight into the beginning of pan-European transnational television : TV Eurikon and TV Europa".
Pourquoi la télévision ?
Dans le cadre de son travail aux archives, Nataša recueille des sources sur les coulisses de la création des chaînes Eurikon et de TV Europa, lancées dans les années 1980.
« La télévision était l'un des médias les plus puissants du XXème siècle, offrant aux téléspectateurs une fenêtre sur le monde. Les décideurs européens l'ont reconnu », explique-t-elle.
S'il est difficile d'établir un lien solide entre la télévision et l'identité européenne, on peut examiner la manière dont les institutions ont tenté de tirer parti de la technologie existante pour diffuser des points de vue paneuropéens. Après avoir consulté des articles de presse et d'autres séries des fonds du Parlement européen, mais aussi de la Commission européenne et de l'Agence spatiale européenne, Nataša est convaincue d'avoir trouvé suffisamment de sources afin d'apporter sa contribution à la recherche sur ce sujet.
Leçons tirées des échecs d'Eurikon et de TV Europa
Les projets Eurikon et Europa TV se sont finalement soldés par un échec.
« Eurikon et Europa TV étaient de brillantes idées, mais elles dépendaient de certaines avancées technologiques et d'investissements économiques qui ne se sont pas concrétisés », explique Nataša. « J'ai l'impression qu'en tant que chaînes dédiées à l'art et à la culture, elles n'ont pas réussi à convaincre les annonceurs d'investir dans toute l'Europe ».
En outre, les recherches de Nataša dans les archives ont également mis en évidence les nombreuses difficultés rencontrées par les institutions pour créer les nouvelles chaînes de télévision européennes (et sans doute pour les innovations en général) : « L'UE s'est heurtée à de nombreux obstacles dans le cadre de ces projets : mise en place de l'infrastructure, harmonisation de la législation, adaptation aux diverses habitudes des téléspectateurs, maintien du financement. »
Comparant le sort de ces deux expérimentations avec celui d'Euronews et d'Eurosport, qui ont réussi, Nataša souligne : « Le sport, les scandales et le sexe sont plus faciles à vendre ».
La bourse Visegrád aux AHUE
« La bourse Visegrád est vraiment une bonne chose, car elle offre la possibilité d'accéder à ce type de sources et donc de tirer profit de telles opportunités de recherche », a-t-elle déclaré.Il ne faut pas non plus sous-estimer le cadre de recherche « extraordinaire » des AHUE et de l'Institut universitaire européen. « J'ai pensé à Boccace », dit-elle en souriant, « et à la façon dont les collines de Fiesole l'ont inspiré pour écrire le Décaméron. Ce n'était pas un hasard ! »
En effet, le voyage de Nataša à travers les fonds institutionnels l'a probablement convaincue d’envisager des recherches sur le développement de la télévision par satellite en Europe : « Il y a beaucoup de matériel, déclare-t-elle, peut-être assez pour un livre. »