Posted on 10 February 2021
Simone Polidori, doctorant en sciences historiques et patrimoine culturel à l'Université de Tuscia, a passé un mois en séjour de recherche aux Archives historiques de l'Union européenne (AHUE) en tant que boursier Vibeke Sørensen. Son projet de recherche actuel s'intitule « Du système monétaire européen au traité de Maastricht: la gauche italienne et espagnole à l'épreuve de l'intégration européenne (1979-1992) ». Dans cet entretien, Simone Polidori nous en dit plus sur son projet et son séjour de recherche aux AHUE.
Sur quoi porte votre recherche?
Ma recherche vise à reconstruire le parcours européen de la gauche italienne et espagnole sur la période considérée. Il y a deux niveaux d'observation que j'entends utiliser pour atteindre cet objectif. Un premier niveau est certainement celui de la culture, c'est-à-dire l'étude du concept même d'Europe perpétrée par les parties et groupes impliqués: qu'entend-on par Europe, quels sont les objectifs de cette Communauté, quelles sont les fonctions à déléguer, comment communiquer les vertus et les contradictions du projet européen à l'électorat. Le deuxième champ d'observation est celui institutionnel. Il s'agit essentiellement de vérifier, à partir des hypothèses culturelles déjà identifiées, le suivi effectif que les membres des familles politiques considérées ont donné au sein du siège institutionnel continental, tels que les commissions et les groupes parlementaires. Il va sans dire que lorsqu'un rôle de premier plan est attribué aux cas de l'Italie et de l'Espagne, il est nécessaire de considérer l'existence de deux perspectives différentes. Si pour la gauche italienne on peut superposer le niveau culturel susmentionné avec le niveau institutionnel pour toute la période chronologique considérée, pour la gauche espagnole, étudier la voie de l'intégration européenne signifie d'abord analyser l'apport des socialistes du PSOE et des communistes du PCE lors de l'entrée de l'Espagne dans la CEE. Jusqu'à la signature du traité d'adhésion, le 12 juin 1985 à Madrid, étudier le thème européen du point de vue de la gauche espagnole signifiait analyser la manière dont l'adésion à la Communauté était lu dans le thème plus large de la transition démocratique.
Comment avez-vous abordé ce sujet et pourquoi pensez-vous qu'il est pertinent, socialement et académiquement, de mener une telle recherche?
Une attention particulière dans mes activités de recherche a toujours été orientée vers les questions de l'intégration européenne et du communisme international. Mon projet de doctorat a été l'occasion d'intégrer ces deux thèmes dans un seul parcours de recherche.
Tout d'abord, je voudrais préciser que j'essaierai autant que possible d'inclure les cas de l'Italie et de l'Espagne dans le chemin plus large emprunté par la « gauche européenne » dans la période et dans les questions examinées. Par conséquent, je pense que l'utilité principale de ce travail est de pouvoir étudier la manière dont les composantes de la gauche continentale ont traité la voie de l'intégration européenne, en analysant leur contribution à différentes étapes. Il s'agit également de vérifier l'étendue de cette contribution, c'est-à-dire de vérifier si oui ou non l’« européanisme » des parties impliquées était à la hauteur du projet d'intégration proprement dit. Il est légitime de ne pas s'attendre à une réponse univoque, ni à l'égard des deux familles différentes considérées, celle socialiste et celle communiste, ni au sein des mêmes familles. Beaucoup plus probable, il y aura des différences de pensée et d'intention, des liens solides avec différentes affiliations nationales. Par conséquent, le processus d'intégration continentale agit également comme un observatoire privilégié pour définir la portée des propositions politiques des parties concernées, en considérant leur adéquation ou non par rapport à cette période particulière.
Qu'espériez-vous trouver aux AHUE pour mener vos recherches? Dans quelle mesure la réalité a-t-elle répondu à vos attentes?
Il est clair que les différents documents conservés dans les Archives historiques de l'Union européenne jouent un rôle de premier plan dans mes recherches. Ce sont des sources nécessaires pour couvrir le plan institutionnel susmentionné et pour étudier la perspective « interne » du processus d'intégration mené notamment dans les années 80.
Comment avez-vous entendu parler de la bourse Vibeke Sørensen pour mener des recherches aux AHUE et que pensez-vous de cette opportunité?
J'ai utilisé la plupart du temps passé dans les archives pour me faire une idée aussi complète que possible des fonds disponibles. De ce point de vue, l'opportunité offerte par la bourse Vibeke Sørensen était particulièrement importante. En effet, cette expérience m'a aidé à choisir les fonds à consulter pour mes recherches, étendant le périmètre traditionnel de la documentation concernant le Parlement européen ou la Commission, aux documents du Comité économique et social européen (CESE), du Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (Cedefop), de la Fondation européenne pour l'amélioration des conditions de vie et de travail (FE), en plus de nombreux fonds privés de particuliers. Le bilan est donc certainement positif et l'espoir est de pouvoir revenir aux Archives à un stade plus avancé de mon projet.
Simone Polidori présentera les résultats de ses recherches aux AHUE en tant que boursier Vibeke Sørensen lors du prochain séminaire ADGRC, le 11 mars 2021, de 15h00 à 16h30, sur Zoom.
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