Être reconnu chrétien

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• Department of History

Ce travail interroge l’impact de la christianisation des sociétés andines sur la légitimité de la noblesse indigène entre les années 1540 et les révoltes anticoloniales de 1781-1782. Nous y examinerons les outils que les individus qualifiés de caciques et principales par les autorités coloniales utilisaient pour être identifiés comme des élites chrétiennes dans leurs interactions avec les représentants de l’Église et de la couronne d’Espagne des territoires relevant des audiences royales de Lima et La Plata (Charcas). Il s’agira d’analyser l’évolution des critères privilégiés par différents profils de la noblesse indigène pour justifier leur légitimité sociale et politique face aux autorités coloniales et face aux populations indigènes sur lesquelles elles entendaient exercer leur autorité. Pour ce faire, nous analyserons dans une perspective diachronique les arguments utilisés par les caciques et principales pour s’identifier comme des élites chrétiennes dans leurs différentes démarches en justice. Ces démarches reposaient sur des processus de mises en scène visant à persuader des officiers royaux ou des clercs. Elles reposent donc sur la construction de stratégies argumentatives qui empruntent très largement aux discours et débats accompagnant différentes réformes administratives et religieuses dans les Andes. Nous analyserons aussi les outils auxquels la noblesse indigène pouvait avoir recours afin de s’approprier ces discours. Il s’agira ensuite de confronter les arguments mobilisés dans les démarches en justice avec les activités religieuses concrètes des caciques et principales afin de mettre en valeur les comportements qu’ils valorisaient pour établir leur réputation de chrétiens. Il ne s’agit pas seulement d’éclairer l’évolution des critères de légitimité choisis par les caciques et principales. Ce travail documente aussi l’évolution de leur rapport à l’investissement dans le sacré chrétien, ainsi que ce qu’ils attendaient des institutions chrétiennes et de leur identification comme des élites au service de la monarchie catholique espagnole.