Le projet « Sustainable Archives and Greener Approaches project», ou SAGA, récemment lancé, a débuté aux Archives historiques de l’Union européenne (AHUE) avec la visite d’expert.es scientifiques affiliés à l’Institut de biologie moléculaire de l’Académie slovaque des sciences (SAS), partenaire du projet.
Deux biologistes moléculaires, Nikola Klistincova et Domenico Pangallo, ont passé trois jours à Florence pour collecter des échantillons microbiens dans cinq zones de l’environnement des Archives, ainsi que dans une sélection de documents des fonds. Ces échantillons seront analysés au cours des prochaines semaines afin de déterminer si l'air est propre, sans danger pour les utilisateur.ices et propice à la conservation à long terme des documents des Archives.
Ces travaux ont été réalisés dans le cadre du volet prévention des risques et gestion des risques de catastrophe du projet, dirigé par le SAS.
Quelque chose dans l'air ?
« La contamination de l'air est un indicateur clé de l'environnement intérieur et affecte la sécurité des personnes qui y travaillent », explique Domenico. « Si l'air est pollué par des micro-organismes, cela signifie qu’il y a un problème. »
Lors de leur visite, Domenico et Nikola ont prélevé plusieurs échantillons d'air dans différentes zones des AHUE : dans la salle de lecture, dans les dépôts d'archives, dans la principale zone de travail des archivistes et dans la salle de numérisation. Les échantillons seront analysés selon deux méthodes. La première consiste à cultiver les micro-organismes (culture-dépendante) prélevés dans un mètre cube d'air aspiré, ce qui fournira une estimation de la concentration de micro-organismes présents dans chaque environnement. La deuxième méthode (indépendante de la culture) consiste au séquençage génétique de l'ADN des micro-organismes capturés, ce qui permet aux scientifiques d'identifier précisément les types de champignons et de bactéries présents dans chaque zone.
Les deux mêmes méthodes seront utilisées pour analyser des échantillons prélevés directement sur les documents, à l'aide de deux types d'outils d'échantillonnage différents : des écouvillons et des membranes.
« Des archives très propres »
Bien que la culture, le séquençage, l'analyse et l'interprétation prennent plusieurs semaines, Domenico, fort de 15 ans d'expérience dans l'étude des objets du patrimoine culturel et de leur environnement, a constaté que les Archives historiques semblent être « des archives très propres ».
Cependant, ces conditions favorables doivent être surveillées et préservées en permanence. Les archivistes doivent également faire preuve de prudence lorsqu'ils ouvrent des boîtes nouvellement arrivées provenant d'environnements non contrôlés.
Par exemple, un lot d'archives privées récemment transféré présente des signes de dégâts des eaux et de décoloration, souvent révélateurs de la présence de moisissures.
« Il serait souhaitable de les ouvrir dans une hotte à flux laminaire à risque biologique. À défaut, il est conseillé de les ouvrir à l'extérieur, en portant toujours un masque et des gants », ont suggéré les deux scientifiques aux archivistes.
SAGA : Prévention des risques et écologisation des archives
Le nouveau projet de coopération européenne SAGA (Sustainable Archives and Greener Approaches) est dirigé par les Archives nationales d'Espagne. Avec la participation de 12 partenaires, SAGA vise à comprendre et à engager un dialogue entre les institutions d'archives sur la résilience aux risques ; à développer des stratégies innovantes et des solutions intelligentes pour y faire face ; à former le personnel et les autres acteur.ices clés dans les domaines de la résilience aux risques et des pratiques plus écologiques ; à encourager l'adoption de pratiques et de méthodologies plus durables par les archives ; à générer une valeur ajoutée, une rentabilité, une visibilité et un rendement économique accrus pour les archives européennes, grâce à l'identification et à la mise en œuvre de nouveaux modèles économiques et de nouvelles activités ; et à élargir la visibilité du patrimoine, de l'histoire et de la culture européens grâce aux archives participantes et à la mobilité transnationale des professionnels.